Jardin de Tôles Claires par Catherine Pomper

Jardin de Tôles Claires

De l’autre côté d’un improbable portail
s’ouvre un jardin
de tôles claires et de rouille
un amas de feuilles de métal
des appentis des remises
et… l’atelier

Première accroche
blessure du fer
une ligne ciselée, ourlée de feu
réveille nos sens
ravive notre vulnérabilité
état d’alerte vacillements
on s’égare on se retrouve
curieusement envahis
d’ombres confuses
et d’indéfinissables voluptés

Fruit du silence et du temps suspendu
la couleur affleure
et dévoile
ses délicates subtilités
des profondeurs feutrées
des bleus d’encre et de nuit
des opales oxydées
ruissellent
et déploient
des mondes inattendus

Alors on touche à l’intime
irrépressible besoin de contact
point d’orgue
sous notre main en émoi
l’âpre métal se fait chair
des figures surgissent de la nuit des temps
une multitude d’êtres sans fard
auréolés d’étrangeté
offrent leur dénuement
et leur sage présence

Alchimie des rencontres
entre élan et pudeur
des groupes se font et se défont
rapprochements
des liens se tissent
ils se croisent
se confient
s’abandonnent
se protègent
et tout un peuple se livre

Là dans un renversement
la sculpture nous modèle
l’absolue verticale
nous incite à la méditation
tandis que les étranges conciliabules
de ces grands initiés
interrogent en miroir
notre humanité

Catherine Pomper
Décembre 2009